Napoli 1810: Musique Italienne Romantique

Au début du XIXe siècle, la musique italienne régnait sur le répertoire de la guitare. Ses œuvres virtuoses, où la mélodie prédomine toujours, sont fortement infl uencées par l’art du bel canto, omniprésent à l’époque. Le bel canto, ou l’art du beau chant, possède une série de caractéristiques qu’on associe spontanément à la voix. Mon approche du répertoire de guitare italien consiste à retrouver les éléments de cette pratique, afi n de faire ressortir toute la vocalité des lignes mélodiques. Mettre le phrasé en relief, faire ressortir les différents types d’accents, employer le rubato, improviser certains passages ou ajouter des ornements sont quelques exemples de ma façon d’aborder ces pièces. Mon souhait dans cet album est de dévoiler toute la splendeur de la guitare romantique italienne. Écrite à l’origine pour violon et guitare – deux instruments que maitrisait parfaitement son compositeur –, la Grande Sonate, M.S.3 de Niccolò Paganini (1782 – 1840) est une œuvre majeure du répertoire de la guitare, et pour cause ! Cette pièce d’une richesse mélodique exceptionnelle est un tour de force à jouer. Virtuose, Paganini composait des œuvres qu’il interprétait lui-même. Aussi, son écriture est schématique et avare de détails, tout simplement parce qu’il savait comment compléter la pièce en la jouant. J’ai moi-même ajouté plusieurs ornements à la Romance. Avec ces Six Andantes, op. 320, Ferdinando Carulli (1770 – 1841) confi rme son génie mélodique. Au contraire de Paganini, ici l’écriture foisonne de détails et les ornements y sont soigneusement indiqués. De la nostalgie du premier Andante à la légèreté du quatrième, chaque œuvre possède son propre caractère, ce qui donne à l’ensemble une variété divertissante. La Sonate, op. 15 de Mauro Giuliani (1781 – 1829) m’a séduit par l’abondance de ses thèmes et sa rigueur formelle, inédite dans le répertoire de la guitare. Le rappel du thème du premier mouvement dans les deuxième et troisième mouvements, une caractéristique jamais vue dans les œuvres pour guitare de l’époque, est particulièrement intéressant. J’ai aussi voulu redonner à l’Allegro spirito initial l’esprit d’une discussion, avec ses pauses, ses exclamations et ses éclats de voix. Avant de se retrouver sur cet album, les Sonates, op. 59 et 159 de Ferdinando Carulli (1770 – 1841) n’avaient jamais été enregistrées. Elles résonnent ici en première mondiale. Toutes deux possèdent une formidable vitalité mélodique et rythmique. L’immense talent de compositeur de Carulli est souvent éclipsé par l’abondance de sa création. Dans ces deux pièces, il est facile de remarquer à quel point le style est limpide et naturel. C’est un honneur de rendre la vie à ces chefs-d’œuvre.

© Pascal Valois, 2021